vendredi 6 novembre 2015

Des chercheurs préoccupés par l’exploitation des mégadonnées pour la surveillance

3 novembre 2015 – Source : Magazine Affaires universitaires

Selon des bénéficiaires de subventions du CRSH, une grande partie de ces données est utilisée sans notre consentement ou à notre insu.

Discuter avec David Lyon peut être déstabilisant, même d’un sujet aussi réjouissant que l’obtention d’une subvention de partenariat de 2,5 millions de dollars du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Ce professeur de sociologie à l’Université Queen’s est cependant ravi que lui et ses collègues du Surveillance Studies Centre aient obtenu cette troisième généreuse subvention en appui à ses travaux depuis 2003.

Les nouveaux fonds seront consacrés à l’étude de l’une des réalités actuelles les plus déran-geantes et sournoises : l’importance croissante des mégadonnées, à savoir de cette masse de données liées à nos activités numériques (allant des achats à l’épicerie au domaine de téléphonie mobile). Véritable mine d’information, les mégadonnées sont de plus en plus exploitées par les gouvernements et le secteur privé, souvent à notre insu ou sans notre consentement.

Lyon parle avec passion de cette forme subtile et apparemment inoffensive de surveillance, ainsi que de ses profondes répercussions sur nos vies quotidiennes. Pour illustrer ce qui l’inquiète, il cite le cas des compteurs intelligents installés par beaucoup de propriétaires résidentiels. Ces dispositifs sans fil communiquent au fournisseur la consommation d’électricité des ménages, sans que quiconque doive procéder à leur relevé. « Ce qui pose problème, ce ne sont pas ces compteurs; c’est ce qu’on fait des données qu’ils communiquent », explique M. Lyon.

Selon lui, les données relatives aux habitudes de consommation d’électricité peuvent permettre de présumer du type d’électroménagers de la maison et de leur utilisation. Les autorités policières peuvent également exploiter ces données pour repérer les cultures de marijuana, qui exigent un éclairage très intense. Ces données permettent même de tirer d’autres conclusions plus étonnantes. Elles peuvent, par exemple, permettre aux sociétés de prospection de cibler les acheteurs potentiels d’électroménagers. Les marchands paient régulièrement pour avoir le privilège d’exploiter ces données, sans que les propriétaires résidentiels ne s’inquiètent de la présence chez eux de compteurs intelligents.

Il s’agit de la dernière d’une longue série d’études sur les tendances en matière de surveillance effectuées par M. Lyon depuis le début des années 1990 : Ses travaux ont évolué pour devenir officiellement le Queen’s Surveillance Project, puis le Surveillance Studies Centre, créé en 2008 grâce à une subvention pour les grands travaux de recherche concertés, décernée par le CRSH pour le projet The New Transparency : Surveillance and Social Sorting. Cette subvention a permis de constituer une équipe de chercheurs du Canada et de l’étranger, qui se sont penchés sur neuf des manières dont la surveillance transforme nos vies et touche chacun de nous.

En matière de financement, la plus récente annonce, faite à la fin de septembre, vise la création d’une subvention de partenariat pour la surveillance des mégadonnées par le CRSH. « Cette subvention est accordée aux groupes de chercheurs qui accomplissent un travail socialement pertinent avec l’appui d’organisations tierces, comme le Commissariat à la protection de la vie privée ou diverses ONG, explique Colin Bennett, professeur de sciences politiques à l’Université de Victoria et codemandeur de cette subvention aux côtés de M. Lyon. Elle montre que le CRSH juge important d’étudier les risques du progrès technologique pour la société et les préjudices qu’il peut lui causer. »

Selon M. Bennett, la surveillance des mégadonnées représente la toute dernière évolution en matière de surveillance. Des logiciels fouillent cette énorme masse de données pour cerner, dans nos comportements, des nuances qui autrement resteraient indécelables. Le meilleur exemple de cette forme de surveillance est selon lui la « gestion des relations des électeurs », une technique largement utilisée par les partis politiques pour étudier les échanges sur les réseaux sociaux, comme Twitter. Comme dans le cas des compteurs intelligents, beaucoup des participants à ces échanges ne s’inquiètent nullement de ce qu’il adviendra de ces données. Pourtant, au fil de la campagne électorale fédérale exceptionnellement longue qui vient de s’achever, M. Bennett a rédigé pour iPolitics.ca une série d’articles destinés à mettre en lumière les indications fournies par ces données aux stratèges des partis en lice.

Parmi les partenaires du Surveillance Studies Centre figurent le Commissariat à l’infor-mation et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique, ainsi que la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles, tous deux en première ligne de l’étude des conséquences de la surveillance pour les populations. La commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique, Elizabeth Denham, se réjouit d’avoir la possibilité d’interagir avec les chercheurs universitaires. « Ce projet de recherche permettra également d’élaborer de nouvelles démarches stratégiques et législatives garantes de la protection de la vie privée des citoyens à l’ère du progrès technologique », a-t-elle déclaré.

Le plus important selon M. Lyon, est toutefois de veiller à ce que les résultats des travaux de recherche du Centre soient accessibles au plus grand nombre, pour que les Canadiens puissent enfin comprendre que la surveillance est devenue l’une des principales caractéristiques de notre société, et qu’elle concerne chacun de nous. C’est pour cette raison que M. Lyon avait hâte que le projet New Transparency soit à l’origine d’un ouvrage. C’est chose faite : Transparent Lives: Surveillance in Canada est paru en 2014 chez Athabasca University Press

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Recours contre Hydro-Québec

1er novembre 2015 – Source : Journal Le Nouvelliste

Aux prises avec un différend l’opposant à Hydro-Québec (HQ), une consommatrice a poursuivi la société d’État et son service des plaintes devant la Cour des petites créances (CPC).

S’estimant non-responsable d’une facture d’électricité de quelque 2000 $ qu’on lui réclamait, elle demandait à la CPC de trancher, non seulement pour annuler une facture d’environ 1200 $, mais également pour qu’on lui octroie des dommages et intérêts de quelque 1700 $ pour tous les troubles, ennuis et inconvénients que lui occasionne le fait de faire l’objet d’une facturation de la part de HQ, laquelle s’avère non réglée au moment de l’audition à la Cour.

La CPC: mauvais forum

Après avoir exposé la situation et présenté les arguments militant pour un jugement qui lui soit favorable, la consommatrice a vu sa demande être déclinée d’entrée de jeu par le juge. Ce dernier a en effet précisé que la Cour des petites créances n’a pas le pouvoir d’accéder à sa demande et ne s’avère pas, en conséquence, le forum approprié.

Selon le juge, c’est à la Régie de l’énergie qu’il revient de se prononcer sur ces questions. Le juge précise à la consommatrice qu’elle pourrait contester une procédure judiciaire d’HQ lui réclamant cette somme, mais ne peut requérir de la Cour des petites créances qu’elle prononce l’annulation d’une facture.

On peut parier que cette instruction que lui réservait le Tribunal ne faisait pas partie des scénarios anticipés par la consommatrice dans cette requête. Retour donc à la case départ ou presque.

Non assujettis à la LPC

Bien que la Loi sur la protection du consommateur (LPC) couvre un large spectre de domaines de consommation et de pratiques commerciales, certains secteurs d’activités, déjà réglementés par d’autres instances par ailleurs, n’y sont pas assujettis.C’est notamment le cas pour «les contrats un contrat de vente d’électricité ou de gaz par un distributeur au sens où l’entend la Loi sur la Régie de l’énergie (chapitre R-6.01), par Hydro-Québec créée par la Loi sur Hydro-Québec» (article 5 b) LPC).

Passages obligés

Les consommateursqui ont un différend à résoudre avec Hydro-Québec doivent suivre une démarche spécifique renfermant trois étapes :

Étape 1: communiquer avec le service à la clientèle

Une part importante des différends repose sur des ambigüités et une information inadéquate qu’un entretien avec un agent de service à la clientèle saura résoudre.

Étape 2: formuler une plainte

Si les explications fournies par le service à la clientèle s’avèrent insatisfaisantes, l’étape suivante consiste à la formulation par écrit d’une plainte au responsable du service des plaintes. Après avoir analysé les fondements de votre plainte, le responsable vous informera de la décision par écrit. Le délai maximal pour rendre une décision est de 60 jours sauf lorsque le litige concerne une interruption de courant, où ce délai est ramené à deux jours.

Étape 3: la Régie de l’énergie

Surtout connue du grand public pour le rôle qu’elle joue dans la fixation des hausses tarifaires, la Régie de l’énergie joue également un rôle d’arbitre des litiges qui peuvent opposer HQ et ses clients. Si vous êtes insatisfait de la réponse obtenue à la suite de la formulation de votre plainteau service à la clientèle d’Hydro-Québec, vous pouvez alors demander à la Régie d’examiner votre plainte.

Agissez rapidement cependant puisqu’une telle plainte doit être déposée à l’intérieur d’un délai de 30 jours suivant une décision rendue par Hydro-Québec à la suite d’une plainte. La Régie de l’énergie examine les plaintes des consommateurs insatisfaits des décisions rendues concernant l’application d’un tarif ou d’une condition de service.

Considérant les délais qui prévalent à la Division des petites créances de la Cour du Québec, il est permis de penser que la réponse du Tribunal, quoique fidèle au cadre législatif applicable, ait suscité quelques grommèlements qu’une recherche sommaire aurait peut-être pu prévenir.

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https://levisrefuselescompteurs.wordpress.com/2015/11/01/recours-contre-hydro-quebec/

Hydro-Québec de moins en moins admirée

25 octobre 2015 – Source : TVA Nouvelles

Depuis le début de 2014, de huit grandes entreprises québécoises c’est Hydro-Québec, qui a subi la plus forte chute de sa cote d’amour. Après 21 mois, la société d’État, malgré toutes ses promotions, est toujours «la moins admirée» des grandes sociétés québécoises.

C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage obtenu par notre Bureau d’enquête daté du mois d’octobre 2015.

«C’est très rare qu’on aime un produit, mais qu’on n’aime pas l’entreprise qui le produit», estime Louis Aucoin, stratège en communication de la firme Tesla RP à qui nous avons présenté le sondage. Selon M. Aucoin «il y a seulement un monopole à qui ça peut arriver».

Hydro-Québec n’a pas autorisé notre Bureau d’enquête à interviewer Saine Marketing, la firme responsable du sondage.

Ce sondage, qui est le résultat de 1002 entrevues téléphoniques, est le deuxième à être dévoilé depuis une semaine par notre Bureau d’enquête. Le premier sondage montrait que la satisfaction de la clientèle à l’égard d’Hydro-Québec s’était constamment détériorée depuis cinq ans et qu’elle s’était même accélérée au cours des derniers mois.
La moins admirée

Malgré une embellie au dernier trimestre qui vient de se terminer, la société a vu sa «cote d’admiration» chutée dramatiquement au cours des six premiers mois de 2015.

Aucune des huit entreprises retenues par Saine Marketing n’a connu une chute aussi prononcée de sa «cote d’admiration». Même avec une remontée au cours des trois derniers mois qui lui a presque permis de retrouver sa cote du début de 2014, la société d’État demeure toujours à la queue des huit entreprises retenues par Saine Marketing.

«Si on se compare à d’autres entreprises c’est parce qu’on veut être parmi les meilleures», a déclaré à notre Bureau d’enquête Marc-André Pouliot porte-parole d’Hydro-Québec.

«On veut s’améliorer; c’est notre objectif», insiste-t-il.

> Lire la nouvelle en ligne sur le site de TVA Nouvelles
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Les compteurs intelligents causent le cancer – Igor Belyaev, chef du laboratoire de radiobiologie de l’Académie des sciences russe

23 octobre 2015 – Source : Magazine Maison Saine.ca

Igor Belyaev, sommité en effets biologiques des champs électromagnétiques

La science du déni : si on ne cherche pas, on ne trouve pas.

Le docteur en radiobiologie Igor Belyaev s’ennuie du bon vieux temps socialiste. « C’était bien mieux à l’époque soviétique, alors qu’on voulait développer la technologie en se préoccupant de la sécurité des gens. Les normes russes [d’exposition aux radiofréquences ou RF] sont plus saines mais aujourd’hui on les rejette parce qu’aucun téléphone cellulaire ne les respecte », m’expliquait cette sommité en effets des champs électromagnétiques (CEM) en mai dernier à Bruxelles. Belyaev était l’un des conférenciers vedettes (lire sa présentation ici) du 5e Colloque de l’Appel de Paris, tenu à l’Académie de médecine belge, et qui portait sur les hypersensibilités environnementales.

Igor Belyaev n’a rien d’un militant écologiste. C’est plutôt un chercheur de très haut calibre : d’abord ingénieur en physique et dosimétrie des radiations formé à la prestigieuse Académie des sciences soviétique à Moscou, il est également diplômé en génétique. Membre du groupe de travail sur les CEM de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il dirige le laboratoire de radiobiologie de deux académies nationales des sciences, l’une russe (à Moscou) et l’autre slovaque (à Bratislava). De plus, il est professeur agrégé au Département de génétique, microbiologie et toxicologie de l’Université de Stockholm, en Suède, depuis 2004.

En 2010, la revue scientifique Bioelectromagnetics lui a décerné ainsi qu’à ses sept coauteurs suédois le prix du meilleur article qu’elle a publié entre 2005 et 2009. Parue en mai 2006, leur étude a démontré que les RF/micro-ondes émises par un téléphone cellulaire pouvaient provoquer des changements dans l’expression des gènes dans le cerveau de rats. Ces changements modifiaient des protéines essentielles pour la lutte contre le cancer et autres mécanismes biologiques (régulation des neurotransmetteurs, perméance de la barrière hématoencéphalique et production de mélatonine).

Au sortir du colloque de Bruxelles, je me suis entretenu avec lui en marchant dans les rues de la capitale belge et siège du Parlement européen. Une douche de réalisme plutôt glaçante, voilà l’effet de ses propos. « Les CEM, c’est une très petite partie de mes recherches. Personne ne veut financer des études [rigoureuses], j’ai perdu tous mes projets en Suède. Peu importe le pays, ils sont tous gouvernés par les mêmes compagnies. Les compteurs intelligents causent le cancer et les compagnies pharmaceutiques en tirent tous les profits. Mais l’industrie trouvera toujours des centaines de médecins pour dire que ce n’est pas dangereux. » (Pour plus de détails, lire notre dossier Compteurs intelligents : des experts dénoncent la « désinformation flagrante »)

Belyaev venait d’apprendre d’un collègue que la Russie voulait harmoniser ses limites d’exposition aux RF avec les normes adoptées par la majorité des pays occidentaux et qui sont mille fois plus tolérantes. « J’ai été estomaqué de l’apprendre. Il n’y a aucune raison scientifique, ce n’est qu’une décision administrative. En Union soviétique, ça n’aurait pas été possible, ce genre de décision devait être basé sur la science. Ces limites laxistes ne seront jamais reconnues en Ukraine, par exemple. »

Des études bidon
Depuis trois décennies, cet expert des mécanismes biologiques du cancer a publié plus de 70 articles scientifiques, notamment sur les effets des CEM, les dommages et la réparation de l’ADN, les aberrations chromosomiques et les marqueurs moléculaires de la radiosensibilité. Selon lui, pour justifier leur politique de laisser-faire en matière d’électrosmog, les gouvernements, l’industrie et leurs mercenaires ne citent que les études qui font fi des variables physiques et biologiques qui expliquent pourquoi les faibles doses répétées de radiofréquences dans les fréquences des micro-ondes (radiofréquences entre 1 et 300 gigahertz) peuvent être nocives… ou bénéfiques : fréquence, largeur de bande, modulation, polarisation, dose, durée et cohérence du temps d’exposition et de non-exposition, environnement électromagnétique (dont le courant continu terrestre), densité des cellules, génétique, sexe, âge, différences individuelles et autres particularités physiologiques des sujets, présence de métaux lourds et de puissants antioxydants et de capteurs de radicaux libres, comme la mélatonine et le ginkgo biloba.

Ces études « négationnistes » sont presque toujours financées par l’industrie ou un État voulant légitimer les limites d’exposition actuelles¹. Des limites qui, selon Belyaev et plusieurs autres experts, menacent la santé publique car elles ne tiennent compte que des effets thermiques de ces micro-ondes. (Oui, votre four à micro-ondes utilise les mêmes ondes radio que votre cellulaire, téléphone sans fil ou votre tablette Wi-Fi.) Et dès qu’un chercheur soulève la possibilité d’un risque sanitaire (effets non thermiques comme le cancer) découlant de l’exposition prolongée à de faibles doses d’ondes émises par les antennes et les appareils sans fil, le financement de recherches visant à reproduire fidèlement son étude fond comme neige au soleil.

« Différents signaux électromagnétiques provoquent des effets différents, m’a-t-il expliqué. Par exemple, une télécommande ne fonctionne qu’avec des fréquences spécifiques » d’ondes radio ou infrarouges. De même, la thérapie par biorésonance est utilisée par environ 300 professionnels de la santé russes, dont le cinquième sont des médecins. Ils traitent divers problèmes de santé avec diverses radiofréquences et à des doses très précises. « Certaines thérapies ont eu de bons résultats, par exemple dans 70 à 80 % des cas d’ulcères gastriques, alors que d’autres n’étaient pas meilleures qu’un placebo, soit entre 40 et 50 % de succès. » (Lire notre dossier La biorésonance : guérir par les ondes.)

La guerre des ondes
Les Russes savent depuis 1934 (Altabasheva et Il’Yashevich) que les RF peuvent être nocives sous certaines conditions. Publiés à partir des années 1960, la plupart de leurs rapports de recherches militaires n’ont jamais été traduits en anglais. « Les études sur les CEM n’étaient pas publiées, elles étaient des secrets d’État, explique Belyaev. Dix instituts ont étudié les effets des micro-ondes sur le système immunitaire pendant dix ans. Les rapports ont été livrés aux ministères de la Santé et de la Défense et furent archivés. Durant la guerre froide, les micro-ondes étaient considérées comme des armes militaires, tout comme aux États-Unis. »

En effet, en 1976 la presse américaine révélait que l’ambassade des États-Unis était irradiée depuis 1953 de micro-ondes de 0,6 à 9,5 gigahertz dirigées par des sources soviétiques. À partir de 1975, leur intensité a augmenté jusqu’à 18 microwatts par centimètre carré (7,8 volts par mètre), affirmait au colloque de Bruxelles l’épidémiologiste David O. Carpenter, de l’Université d’Albany (NY). « L’ambassadeur Stoessel souffrait d’hémorragies oculaires et d’une maladie du sang. Trois hommes sont décédés de cancer, cinq femmes ont subi une mammectomie liée au cancer », écrivait récemment l’ingénieur suisse Pierre Dubochet, ancien chef technique de la radio neuchâteloise. Le Département d’État américain a lancé une enquête. Conclusion : aucune relation entre les problèmes de santé du personnel et l’exposition aux micro-ondes ne fut trouvée, selon une conférence sur le sujet prononcée en 1979 par le professeur de médecine Herbert Pollack. Les employés de l’ambassade n’y ont pas travaillé en assez grand nombre et assez longtemps pour tirer des conclusions, nuance le Dr Carpenter : « Bien qu’aucune hausse du cancer ne fut trouvée, plusieurs personnes y ont développé la »maladie des micro-ondes » consistant de dépression, d’irritabilité, de difficultés de concentration et de pertes de mémoire (Pollack, 1979). »

Les Américains au courant
En 1970, la NASA publiait la traduction d’un rapport édité par I.R. Petrov, de l’Académie des sciences médicales de l’URSS, intitulé Influence of microwave radiation on the organism of man and animals. On y fait état de symptômes touchant alors le quart du personnel militaire utilisant des ondes radio et radar : fatigue, étourdissements, maux de tête, problèmes de sommeil, de concentration et de mémoire, colère, etc. « Le traitement suggéré était un changement de l’assignation et l’éloignement par rapport aux CEM. Le repos et l’exercice physique étaient recommandés, des aliments nutritifs étaient offerts. Les symptômes décrits étaient les mêmes que l’on retrouverait 40 ans plus tard chez des Finnois atteints d’électrohypersensibilité » (EHS), relate l’oncologue et épidémiologiste suédois Lennart Hardell dans un tout récent article sur l’EHS comme défi croissant pour la profession médicale.

Se protéger
Autant de bonnes raisons pour être prudent et éviter ou réduire le plus possible l’usage des appareils sans fil, recommande Igor Belyaev. « Je n’ai pas de Wi-Fi dans mon bureau. On m’y avait installé un modem et les émissions mesuraient 20 milliwatts (mW) par mètre carré alors que l’Association médicale autrichienne recommande de ne pas dépasser 1 mW/m2 [équivalant à 1 000 microwatts(µW)/m2 et que la normale idéale serait d’en deçà de 1 µW/m2]. J’ai donc appelé le fournisseur pour l’éteindre et la mesure est tombée à 100 µW/m2. »

L’expert ajoute que la présence de métal dans votre environnement augmente aussi votre exposition aux CEM de RF, car il agit comme réflecteur et antenne, en plus de modifier le champ géomagnétique statique de la Terre. « À un mètre de distance, 10 microtesla de statique augmente la toxicité des RF à cause des objets ferromagnétiques. Tous les métaux changent le champ géomagnétique. J’ai recommandé à Mays Swicord, chef de la santé et sécurité chez Motorola, une très bonne manière de réduire les effets nocifs des micro-ondes. Il suffirait d’une petite puce pour mesurer le champ magnétique statique et envoyer l’information à la station de base afin qu’elle fournisse une fréquence qui ne s’accouple pas au champ magnétique. Il a refusé. » (Le fabricant de téléphones cellulaires Motorola n’a pas répondu à notre demande d’explication.)

Que faut-il faire donc? « Il existe bien des films d’argent pour les vitrages et de la peinture de carbone qui bloque les ondes, mais ils coûtent cher, répond Belyaev. Ils ne règleront pas le problème pour la plupart des gens. On ne peut le régler qu’en adoptant des limites d’exposition plus strictes. Il faut changer le dogme de la société, ne pas œuvrer pour le profit mais pour la santé des gens. Mais c’est trop socialiste! »

1. “Radiation Research” and The Cult of Negative Results – A Microwave News Investigation

Source of Funding and Results of Studies of Health Effects of Mobile Phone Use: Systematic Review of Experimental Studies

Bias and confounding in EMF science

UW Scientist Henry Lai Makes Waves in the Cell Phone Industry

Cellphones and Brain Tumors 15 Reasons for Concern

Pour en savoir davantage :

Non-thermal biological effects of microwaves, Igor Belyaev, Microwave Review, novembre 2005.

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Source: Lire la nouvelle en ligne sur le site du Magazine Maisonsaine.ca

https://levisrefuselescompteurs.wordpress.com/2015/10/23/les-compteurs-intelligents-causent-le-cancer-igor-belyaev/