dimanche 27 septembre 2015

Sollicitée par des vendeurs de fenêtres et de thermopompes après avoir contacté Hydro

20 septembre 2015 – Source : Journal de Montréal

Une drôle de coïncidence

Elle est sollicitée par des vendeurs de fenêtres et de thermopompes après avoir contacté Hydro-Québec

Véronique Bénard craint que ses informations personnelles aient été transmises à des entreprises par quelqu’un chez Hydro-Québec.

Une résidente de Bois-des-Filion se demande si des entreprises de rénovation n’auraient pas des complices chez Hydro-Québec, car elle a été sollicitée par des vendeurs tout juste après avoir demandé conseil à la société d’État pour réduire sa consommation.

«Je ne peux pas croire qu’une société d’État pourrait vendre mes informations personnelles à des entreprises», dit Véronique Bénard.

Choquée, elle a d’ailleurs porté plainte au Centre antifraude du Canada.

Étonnée par la hausse importante de ses factures après l’installation d’un compteur intelligent, Mme Bénard a contacté Hydro-Québec à la fin août pour prendre une entente de paiement et obtenir des conseils pour diminuer sa consommation.

«J’ai passé 1 heure 30 au téléphone avec Hydro. Lorsque j’ai raccroché, je n’ai même pas eu le temps de me faire un café que le téléphone a sonné. C’était une compagnie de portes et fenêtres qui me demandait si je voulais économiser de l’électricité», relate-t-elle.

Pas intéressée, Mme Bénard a mis fin rapidement à la conversation. Mais quelques minutes plus tard, le téléphone sonne de nouveau.

On lui demande encore une fois si elle a des problèmes de consommation d’électricité.

Pas de logi-rénov

«Deux entreprises de suite qui me parlent de la même chose que ce que je viens de discuter avec Hydro, seulement 10 minutes après. Ça ne peut pas être le hasard», soutient Mme Bénard.

La personne au bout du fil dit alors être «mandatée par le programme gouvernemental Logi-Rénov pour la rencontrer».

Or, Logi-Rénov était un crédit d’impôt valide pour les ententes antérieures au 1er juillet. «Personne ne travaille pour Logi-Rénov. Il n’y a pas de compagnies accréditées», précise Geneviève Laurier, porte-parole de Revenu Québec.

Mais ainsi faussement mise en confiance, Mme Bénard accepte de recevoir le représentant.

«On m’a dit qu’on ne me vendrait rien, mais on a finalement tenté de me faire signer un contrat de 12 000 $ pour changer le panneau électrique et installer une thermopompe», déplore Mme Bénard.

Malgré l’insistance du vendeur, elle décide d’y penser avant de s’engager dans cette voie.

Ce dernier refuse de lui laisser l’estimation, mais lui remet sa carte au nom de Nick Savage. On y aperçoit le logo de Rénovation sans limite, une entreprise bien connue de l’Office de la protection du consommateur (OPC), où elle fait l’objet de 46 plaintes depuis 2013.

Questionné par Le Journal, Steve Benoit, le propriétaire de Rénovation sans limite a cependant assuré que le vendeur n’était plus à son emploi depuis le printemps.

« Appelez la GRC »

Quant à M. Savage, il a dit avoir fait simplement erreur avec sa carte professionnelle. Il œuvre maintenant pour Rénovation Domicili-air, où on ignorait tout de la situation.

Tous les gens contactés ont nié avoir un lien avec un employé d’Hydro-Québec.

Après la visite du vendeur, Véronique Bénard a décidé de rappeler Hydro-Québec pour leur faire part de ses doutes concernant les deux appels reçus.

«La personne m’a dit: “On est au courant, il y a un problème à l’interne. Appelez la GRC”, avant de raccrocher aussitôt», raconte-t-elle.

Le Centre antifraude a confirmé avoir reçu la plainte et qu’elle serait transférée au corps policier concerné après analyse.
Hydro lance une enquête

Préoccupée par les événements rapportés par Mme Bénard, Hydro-Québec a décidé d’ouvrir une enquête interne.

«Les préoccupations de la cliente sont prises très au sérieux par Hydro-Québec. En aucun cas, on ne vend ou ne partage ce type d’information», assure Nathalie Vachon, porte-parole de la société d’État.

Mme Vachon indique qu’Hydro-Québec s’engage à ne pas communiquer les renseignements personnels de ses clients.

Des dispositifs sont d’ailleurs mis en place pour s’assurer du respect de cette volonté.

Code d’éthique

Les représentants du service à la clientèle doivent également respecter un code d’éthique qui proscrit ce genre de pratique.

«C’est la première fois que nous entendons qu’une telle situation ait pu survenir. Hydro-Québec protège la confidentialité des renseignements personnels de ses clients. C’est très clair dans nos procédures», soutient Mme Vachon.

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