jeudi 15 octobre 2015

Le bordel de 7 milliards $

10 octobre 2015 – Source : Journal de Montréal

Après le bordel informatique, peut-on parler du bordel des éoliennes? Car plus on creuse dans ce dossier, plus on apprend que ces foutus contrats vont nous coûter collectivement une fortune.

On parle maintenant d’une facture qui va dépasser les 7 milliards $ au cours des 10 prochaines années pour les clients d’Hydro-Québec. Ayoye!

Quoi? Y a-t-il un pilote dans l’avion? Y a-t-il quelqu’un qui peut mettre fin à ce scandale? Nenni. Aucun politicien ne veut s’en mêler.

La bourde vient pourtant de haut. C’est le Conseil des ministres du gouvernement qui a ordonné à Hydro-Québec d’acheter de l’électricité dont elle n’avait pas besoin, et ce, à des coûts hors de l’entendement. Il serait très surprenant aujourd’hui que ces mêmes politiciens reconnaissent leur incompétence.

Ces commandes (à coups de décrets ministériels pour des achats d’électricité à des parcs éoliens) ont été réalisées très majoritairement sous le gouvernement de Jean Charest. Le gouvernement de Pauline Marois a aussi collaboré à ce stupide «effort de guerre» visant à faire rentrer davantage de fric dans les coffres de la société d’État.

Déstabiliser l’offre

En intervenant directement dans les affaires courantes d’Hydro-Québec, le gouvernement du Québec a — en plus de ne pas se mêler de ses affaires — complètement déstabilisé l’offre et la demande d’électricité au Québec.

Résultat: Hydro-Québec se ramasse aujourd’hui avec des surplus d’électricité monstres dont elle ne sait plus trop quoi faire et dont personne ne veut.

Ce que reconnaît d’ailleurs le nouveau PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, qui a été contraint d’effectuer une sortie publique plus tôt cette semaine pour calmer la grogne. «Les Québécois paient actuellement trop cher pour cette gestion», a-t-il admis lors d’une tournée des médias en précisant que «dans le futur, on va aligner la demande et on sera plus conservateurs». Wow!

Nous voilà rassurés. Or, rien ne garantit qu’Hydro-Québec sera à l’abri d’une nouvelle intervention politique dans ses affaires courantes. Sachez que l’on compte actuellement 130 lobbyistes inscrits au Québec concernant le secteur énergétique…

Les rois des cons

Mais qui va payer pour ces âneries? Les clients d’Hydro-Québec. Depuis deux ans, votre facture a explosé de 7,2 % alors que le taux d’inflation n’a progressé que de 2,1 % durant cette même période.

Cette année, n’eussent été ces achats inutiles imposés par nos politiciens, les tarifs d’Hydro-Québec auraient baissé d’environ 200 $ par ménage.

Le 1er avril dernier, Hydro-Québec a plutôt obtenu la bénédiction de la Régie de l’énergie pour les augmenter de 2,9 %.

En 2015, Hydro-Québec va dépenser 745 millions $ pour de l’électricité dont elle n’a pas besoin. En 2016, ce sont 945 millions $ qui passeront dans la trappe. En 2017, c’est plus d’un milliard $ qui servira à éponger ces surplus.

Entre 2015 et 2024, Hydro-Québec prévoit maintenant gérer des surplus estimés à 71,2 térawattheures (TWh), soit 14,9 TWh de plus que prévu l’an dernier (56,3 TWh).

Autrement dit, c’est pire qu’on l’imaginait. Les surplus estimés de 71,2 TWh représenteront des dépenses inutiles de 7 milliards $ au cours des 10 prochaines années pour Hydro-Québec.

Gênés, nos politiciens? Pas du tout. Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, en a même remis une couche cette semaine en affirmant que d’autres contrats d’énergies éoliennes seront bientôt annoncés. Ouch!

En clair, le gouvernement du Québec n’a pas l’intention d’arrêter le train de la bêtise. Au contraire, il veut en remettre.

Sachant tout ce que l’on sait déjà, l’inefficacité de ce gouvernement dans ce dossier devient très troublante. Et si l’Unité permanente anti corruption (UPAC) s’en mêlait? Les trouvailles pourraient être surprenantes.,

> Lire la nouvelle en ligne sur le site du Journal de Montréal