jeudi 6 août 2015

Hydro-Québec: les compagnies de pylônes indignées

5 août 2015 – Source : Argent

MONTRÉAL – Les compagnies québécoises qui fabriquent des pylônes pour Hydro-Québec dénoncent les tactiques actuelles de la société d’État pour les forcer à abaisser leurs prix.

Elles jugent pouvoir livrer quatre fois plus de pylônes en acier que la demande annuelle et combler les besoins pour la nouvelle ligne Chamouchouane-Bout-de-l’île.

«On sait depuis 2008 qu’Hydro-Québec aura besoin du double de tonnages d’acier en 2016 et 2017. Nous avons agrandi notre usine du tiers, acheté des équipements modernes pour améliorer notre productivité. Et là Hydro-Québec ouvre le marché à l’international. On considère qu’elle nous place en compétition déloyale», s’est indigné mercredi Georges Guérette, vice-président de Fabrimet.

L’homme d’affaires déplore qu’Hydro-Québec ait choisi la période des vacances de la construction pour inviter dix fournisseurs pré-qualifiés, dont sept compagnies étrangères, à répondre à un premier appel de propositions pour la fourniture de 5000 tonnes d’acier. Elle aura besoin de 45 000 tonnes métriques d’ici la fin de 2017.

«Des employés inquiets ont appelé durant leurs vacances. Nous voulons les rassurer. Il n’y aura pas de mises à pied pour le moment. La suite sera en fonction de ce qui se passera. On n’a pas investi 12 millions $ pour rien. On va faire tout en notre pouvoir pour convaincre Hydro-Québec», a-t-il affirmé.

Hydro-Québec ne cache pas sa volonté d’obtenir des prix concurrentiels.

«Nous avons remarqué que les prix du Québec pouvaient être jusqu’à 40 % plus élevés dans certains cas. On veut tester le marché pour obtenir les meilleurs prix, pour les meilleurs critères de qualité», a expliqué Serge Abergel, porte-parole de la société d’État.

Serge Abergel rejette du même souffle que cette approche puisse favoriser la présentation de soumissions à prix de dumping.

«Si le produit [étranger] répond à nos critères de qualité, je ne vois pas pourquoi on ne le considérerait pas. On va passer à travers un ensemble de facteurs, incluant les retombées économiques et la création d’emplois au Québec. On veut une relation d’affaires à long terme avec des gens qui vont offrir du service et des produits de qualité», a-t-il dit.

La question des prix irrite fortement Michael Cyr, président et chef de la direction de Locweld, dont l’entreprise fournit Hydro-Québec en pylônes depuis 20 ans.

«C’est sûr que les étrangers ont de meilleurs prix qu’au Québec. On compétitionne avec des sociétés qui paient leurs travailleurs 1 $/ l’heure. On ne reçoit ni subventions, ni congés de taxes de la part de nos gouvernements», a-t-il rétorqué.

Le PDG de Locweld estime qu’avec la faiblesse du dollar canadien, si une entreprise peut soumissionner plus bas de 10 % à 15 % que les entreprises québécoises, c’est au niveau de la qualité des produits et des délais de livraison qu’Hydro-Québec y perdra.

«Hydro-Québec veut faire des économies de bouts de chandelles qui risquent de provoquer des pertes d’emploi», a renchéri Georges Guérette, de Fabrimet.

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