samedi 1 août 2015

Hydro-Québec n’a pas besoin de l’énergie éolienne, clament des experts

31 juillet 2015 – Source : Argent

La demande de hausse tarifaire de 1,9% découlant notamment des coûts d’approvisionnement générés par l’achat de l’énergie éolienne irrite des analystes du milieu de l’énergie. Ils considèrent que le gouvernement garde artificiellement en vie un secteur incapable de prouver sa rentabilité.

« L’achat [d’énergie] à des producteurs privés qui n’offrent pas de puissance en période hivernale est un développement économique contre-production. On consacre une partie des revenus des ménages pour subventionner la construction d’équipements d’énergie dont on n’a pas besoin », s’offusque Jean-François Blain, analyste indépendant du secteur de l’énergie.

Il estime que le gouvernement devrait de préférence créer un Fonds régional de développement qui permettrait une diversification économique et laisserait les régions choisir leur développement d’elles-mêmes.

Des avantages

L’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER) est une des rares voix à soutenir le bloc des énergies renouvelables dans les sources d’approvisionnement d’Hydro-Québec.

« Lorsqu’on évalue les coûts de l’énergie éolienne, il faut prendre en considération l’ensemble des variables : la réduction des importations requises pour répondre à la demande de pointe, la valeur de la « prime verte » qu’elle obtient sur les marchés américains, l’évolution des coûts de production et les bénéfices économiques qu’elle apporte, soit en retombées, soit en économies directes grâce à la substitution. Dans ce contexte, l’approvisionnement en énergies renouvelables est un investissement largement rentable pour tous les Québécois », indique Jean-François Samray, président-directeur général de l’AQPER.

Le PDG rappelle que l’éolien est reconnu comme énergie propre par les Américains, qu’il est admissible aux Renewable Energy Certificates (RECs), une « prime verte » qui atteint les 5,0 ¢US/kWh. Par contre, Hydro-Québec n’a fait inscrire que trois parcs éoliens sur 35 au programme des RECs.

L’AQPER argumente aussi que le dernier appel d’offres a établi à 6,3 ¢/kWh le prix de l’éolien. En comparatif, le coût de l’énergie hydroélectrique produite au projet La Romaine est évalué initialement à 6,4 cents et son coût final pourrait être plus élevé.

Une énergie trop chère

L’économiste universitaire Jean-Thomas Bernard pose un regard critique face aux avantages présentés par l’AQPER.

« La prime verte n’est pas très élevée et les Américains ne l’ont pas adoptée globalement. Son impact est peu significatif », estime l’expert en énergie.

À son avis, Hydro-Québec devra soutenir ad vitam aeternam le développement éolien pour en faire du développement régional. D’autant plus que l’Ontario a lancé des projets éoliens qui sont géographiquement mieux positionnés que ceux du Québec pour y intéresser les États du centre des États-Unis.

« C’est une vision à courte vue. Pourquoi subventionner des emplois en région alors que globalement on est en surproduction ? C’est une fuite en avant qui n’a pas de solutions », complète Jean-Thomas Bernard.

> Lire la nouvelle en ligne sur le site de Argent