lundi 1 juin 2015

Des primes généreuses pour les cadres d’Hydro-Québec

31 mai 2015 – Source : Journal de Montréal

Le PDG pourrait encaisser jusqu’à 140 000 $ en primes de rendement

Alors que les clients résidentiels d’Hydro-Québec subissent depuis avril une augmentation de 2,9 % des tarifs d’électricité, les cadres et hauts dirigeants de la société d’État se sont partagé la rondelette somme de 22,8 M$ en primes, a appris Le Journal.

Le retour des primes de rendement aux gestionnaires des grandes sociétés d’État a visiblement été payant pour les dirigeants d’Hydro-Québec. En effet, un tableau obtenu via une demande d’accès à l’information révèle que 1635 cadres de la société se sont partagé pas moins de 17,9 M$ en primes, alors que 133 cadres de direction et hauts dirigeants ont pigé dans une enveloppe de 4,9 M$. Au final, 1768 personnes ont pu se prévaloir de la mesure.

Hydro-Québec, qui s’est fait taper sur les doigts la semaine dernière par la vérificatrice générale pour avoir liquidé une turbine neuve de 79 M$ au coût de 75 000 $, a refusé de ventiler ces données.

Il a toutefois été possible d’apprendre que le président-directeur général de la société peut aller chercher jusqu’à 30 % en primes de rendement. Le salaire de ce dernier étant de 469 188 $ en date du 31 décembre 2014, selon le rapport annuel, il est permis de croire que la tête de l’organisation empochera une «rémunération incitative» de plus de… 140 000 $.

Jusqu’à 30 %

Les 1635 cadres d’Hydro-Québec pourront quant à eux obtenir une prime allant jusqu’à 15 % des revenus, selon le rendement. Ce nombre peut monter à 20 % pour les 133 cadres de direction et hauts dirigeants, 30 % dans certains de ces derniers cas.

«Il est important de souligner que la rémunération incitative est une pratique de rémunération largement répandue dans les sociétés à vocation commerciale. Elle contribue à mobiliser les cadres sur des objectifs précis. Sans atteinte des objectifs, il n’y a pas de versement», précise le porte-parole de l’organisation, Serge Abergel.

Quatre sociétés

Rappelons que les primes de rendement versées aux gestionnaires des sociétés d’État avaient été éliminées en 2010 par l’ex-ministre des Finances Raymond Bachand, dans sa quête de l’équilibre des finances publiques. En avril dernier, le gouvernement Couillard ramenait ces rémunérations supplémentaires, rétroactivement à 2014, avec le projet de loi 28, adopté sous le bâillon.

En plus d’Hydro-Québec, trois autres sociétés sont visées par cette mesure, soit Loto Québec, la Société des alcools du Québec et Investissement Québec. Pour y avoir accès, ces sociétés doivent atteindre ou dépasser des cibles de revenu net établies.

Dans le cas d’Hydro-Québec, cette «rémunération incitative» est versée au personnel-cadre pour «l’atteinte des objectifs de 2014», peut-on lire dans le document obtenu par Le Journal. Ces allocations devenaient possibles si la société atteignait ou excédait un résultat net de 3,05 milliards de dollars. Or, Hydro-Québec a annoncé des profits records de 3,38 milliards de dollars pour 2014.

«C’est en hausse de 438 M$ comparativement à 2013. Ce résultat est attribuable au solide rendement de l’entreprise sur tous ses marchés, conjugué à une saine gestion des charges d’exploitation. Les marchés hors Québec ont contribué à hauteur de 814 M$ au résultat, une progression de plus de 30 % par rapport à 2013», a tenu à préciser M. Abergel.
Généreuses primes

1635 cadres : 17,9 M$
133 hauts dirigeants : 4,9 M$

Total

1768 cadres récompensés : 22, 8 M$

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