mardi 12 mai 2015

Hydro, la banque de Québec

12 mai 2015 – Source : Journal de Montréal

Dans le cadre de sa chasse à l’équilibre budgétaire, le gouvernement Couillard doit une fière chandelle à Hydro-Québec. La société d’État représente une véritable banque dans laquelle le gouvernement pige à pleines mains.

Malheureusement pour nous, il n’en a jamais assez. C’est pourquoi il met même la main sur les 160 millions $ de trop-perçus qu’Hydro a encaissés en 2014 par rapport au rendement autorisé par la Régie de l’énergie.

En vertu d’un plan mis en place en 2014 par la Régie de l’énergie pour redistribuer en partie ces trop-perçus auprès des clients, Hydro aurait pu les rétrocéder par l’entremise d’une réduction de la prochaine hausse de tarifs.

Le gouvernement Couillard n’était manifestement pas d’accord avec cette redistribution d’argent puisqu’il a décrété, en vertu de la loi 28 adoptée en fin de session parlementaire sous le bâillon, qu’il suspendait cette redistribution d’argent de sorte à permettre à Hydro de conserver l’argent les trop-perçus.

Où pensez-vous que ces trop-perçus se retrouvent? Dans les profits nets d’Hydro. Et qui les «encaisse» ces profits nets? Eh oui! on les retrouve bon an mal an dans le budget du gouvernement du Québec, dans la catégorie «revenus des entreprises» du gouvernement.

Depuis 2008, selon un reportage de mon collègue Michel Morin, Hydro a encaissé des trop-perçus pour une valeur globale de 1,4 milliard de dollars. C’est autant d’argent qui aurait pu servir à réduire d’environ 12 % la facture d’électricité des Québécois. Mais non, Québec a profité de cette manne pour hausser ses revenus.

HIVERS PAYANTS

Grâce aux rigoureux hivers de 2014 et de 2015, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a vu les revenus d’Hydro bondir en forte hausse par rapport aux prévisions budgétaires.

Pour l’exercice financier se terminant le 31 mars 2014, le ministre Leitao a rapporté des revenus de 3,35 milliards pour Hydro, soit 403 millions de plus que les revenus anticipés.

Concernant l’exercice terminé le 31 mars 2015, le ministre a rectifié le tir en déclarant les revenus d’Hydro de l’ordre de 3,25 milliards, soit 200 millions de plus que le montant anticipé.

Maintenant, dans son article d’aujourd’hui, mon collègue Michel Munger lève le voile sur la mécanique de profitabilité d’Hydro. Pour déterminer les hausses de tarifs, la Régie de l’énergie tient strictement compte de rentabilité de la division Hydro-Québec Distribution (chargée d’alimenter le Québec en électricité) et non des autres filiales, Hydro Production, Hydro TransÉnergie, Hydro Équipement.

DUR HIVER

Le problème? Lors du dur hiver de janvier à mars 2014, Hydro Production a vendu à Hydro Distribution son électricité à des prix exorbitants, soit de 5 à 7 fois le prix de l’électricité patrimonial. Pendant que la filiale Hydro Distribution se fait saigner à blanc à nos dépens, Hydro Production engrangeait de mirobolants profits de 175 millions $. Lesquels allaient se retrouver dans les… coffres du gouvernement du Québec!

C’est autant de profits dont la Régie n’a pu tenir compte dans sa décision de permettre à Hydro Distribution d’augmenter les tarifs d’électricité.

Dans un an, on saura si Hydro Production a également profité de la froidure des premiers mois de l’année 2015 pour siphonner Hydro Distribution à nos dépens!

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