samedi 23 mai 2015

Hydro-Québec : 5 degré Celsius qui valent des millions

23 mai 2015 – Source : Journal Le Devoir

Par : François Desjardins

Le chiffre d’affaires et le bénéfice d’Hydro-Québec au premier trimestre de 2015 se sont avérés semblables à l’an dernier, mais le froid cinglant a contribué à faire en sorte que la clientèle québécoise a dépensé 7 % de plus pour répondre à ses besoins en électricité.

La société d’État a enregistré des revenus de 3,989 milliards au cours des trois premiers mois de l’année, en hausse de 263 millions par rapport à l’an dernier. En incluant les ventes hors Québec, le chiffre d’affaires global atteint 4,6 milliards, en baisse de 16 millions.

Le bénéfice net, qui aidera en fin d’année à calculer le dividende versé au gouvernement, a atteint 1,778 milliard, en hausse de 38 millions, en raison du temps froid mais aussi de « l’exécution judicieuse des programmes de vente » et de la « bonne performance des équipements de production et de transport ».

Les documents de présentation d’Hydro-Québec signalent que, dans la hausse de 263 millions des ventes en sol québécois, le froid du début de 2015 en a représenté 125 millions à cause d’une augmentation des ventes estimée à 1,4 TWH par rapport à 2014.

Cependant, les revenus provenant des « autres produits » ont diminué, car « les coûts d’approvisionnement en électricité postpatrimoniale engagés au cours de l’hiver ont été moins élevés que l’an dernier ». Le mot « postpatrimonial »fait référence à l’électricité produite par des compagnies privées.

En conférence téléphonique, la p.-d.g. par intérim, Lise Croteau, a dit que l’hiver glacial avait mené, globalement, à une augmentation des ventes d’électricité de 4,3 TWh par rapport à un « hiver normal » qui serait plus chaud de cinq degrés. Un porte-parole a indiqué par courriel que cela représente une augmentation d’environ 8 %.

Mme Croteau était jusqu’ici directrice des finances, mais elle assure la présidence intérimaire en raison du départ de Thierry Vandal, qui a piloté la société pendant 10 ans après en avoir passé huit dans des échelons supérieurs. Le conseil d’administration d’Hydro-Québec, présidé par Michael Penner, est à la recherche d’une personne pour succéder à M. Vandal.

Ventes hors Québec

Au chapitre des ventes hors Québec, les prix de vente se sont avérés plus faibles que l’an dernier. Hydro-Québec a écoulé de l’électricité au prix moyen de 7,4 ¢ du KWh, contre 7,9 ¢ l’an dernier. Cependant, ses exportations sont passées de 8 TWh à 8,4 TWh.

La société d’État a publié en février un bénéfice net de 3,4 milliards pour 2014, cela générant un dividende record de 2,5 milliards au gouvernement.

Hydro-Québec a reçu en mars l’autorisation d’augmenter ses tarifs de 2,9 %, la Régie de l’énergie lui refusant les 3,9 % demandés par la société d’État. La décision, qui a déçu les groupes de défense des consommateurs, a été motivée en partie par les achats obligatoires qu’Hydro-Québec doit faire auprès des producteurs privés d’énergie éolienne.

Cette hausse, qui porte le total des augmentations à plus de 30 % depuis 2004, a été mise en oeuvre le 1er avril, après la fin du premier trimestre. Quant au tarif des grands clients, il a augmenté de 2,5 %. Lors d’une conférence de presse au mois de février, M. Vandal a dit que l’évolution des tarifs jusqu’ici a été « raisonnable ».

Ces achats auprès des producteurs privés sont le résultat d’une politique gouvernementale adoptée dans les années 2000 par le gouvernement Charest, qui voyait là une façon de stimuler le développement économique des régions.

Au cours des prochains mois, la Régie de l’énergie aura à se prononcer sur une autre demande de la société d’État que celle-ci a déposée le 6 mai dernier. Hydro-Québec aimerait, à compter de 2018, s’approvisionner auprès de la centrale thermique de Bécancour lors des périodes de pointe.

La centrale, qui appartient à TransCanada Énergie, est fermée depuis 2008. En guise de dédommagement, Hydro-Québec a versé 150 millions par année depuis ce temps, une somme qu’elle souhaiterait plus petite. Un porte-parole a affirmé à La Presse canadienne il y a deux semaines qu’elle pourrait payer moins cher en achetant de l’électricité auprès de la centrale plutôt que sur les marchés.

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