jeudi 28 mai 2015

Hydro-Québec a liquidé des équipements de 79 millions pour 75 000$

28 mai 2015 – Source : Journal Le Devoir

Hydro-Québec a vendu à un ferrailleur québécois des équipements tout neufs destinés à la centrale nucléaire Gentilly-2 pour 75 000 $, alors qu’ils avaient été acquis quelques mois plus tôt à un montant 1000 fois plus élevé, c’est-à-dire 79 millions dollars.

La société d’État a vite renoncé à vendre les diverses pièces conçues sur mesure pour la turbine de la centrale nucléaire — rotors, diaphragmes, supports et autres outillages — en raison du « peu de succès » d’un appel d’intérêt. Elle s’est tournée vers le marché du recyclage des métaux. À la lumière des informations disponibles, « il est difficile d’évaluer si la décision de cesser la recherche d’acquéreurs potentiels du domaine nucléaire, après trois mois de démarchage en 2014, était appropriée », a indiqué la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, mercredi.

Chose certaine, Hydro-Québec a effectué « un appel de propositions restreint pour la vente des équipements sur le marché du recyclage des métaux sur la base d’une évaluation peu rigoureuse de la valeur marchande des biens ». En sous-évaluant le poids des équipements à vendre et en occultant les particularités de leur composition, Hydro-Québec a « minimalement sous-estimé la valeur des lots d’environ 44 000 $», a spécifié Mme Leclerc.

Hydro-Québec dit avoir convenu d’écouler sur le marché du recyclage des métaux les équipements conçus sur mesure pour la centrale nucléaire, dont l’arrêt de mort avait été signé par le gouvernement Marois à l’automne 2012, après avoir « déployé d’importants efforts pour vendre ces équipements ». Mais, les coûts d’entreposage — 250 000 $ par année — poussaient la société d’État à se départir de ses pièces encombrantes « dans les meilleurs délais ». « Une évaluation plus détaillée de la valeur des métaux aurait occasionné des délais et des dépenses additionnelles de location d’entrepôt, d’assurances et de pesée du métal. Ces dépenses auraient annulé le gain supplémentaire potentiel », a indiqué Hydro-Québec par voie de communiqué.

Le ministre de l’Énergie, Pierre Arcand, s’est dit satisfait des « explications » d’Hydro-Québec. « Les offres allaient de moins 460 000 $ jusqu’à 74 000 $. Moins 460 000 $, ça veut dire qu’il y en a qui ont [demandé] d’avoir un chèque d’Hydro-Québec pour pouvoir disposer de la turbine », a-t-il affirmé lors d’un impromptu de presse. Les équipements vendus à un ferrailleur « n’avaient pas ou à peu près pas de valeur sur le marché ».

La vente de matériel acheté 79 millions pour 75 000 $ est un « un non-sens », a fait valoir le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. « C’est impensable ! » Cette transaction éveille les soupçons du chef caquiste. « Est-ce qu’il y a des problèmes de corruption ? Est-ce qu’il y a des problèmes de mauvaise gestion ? » s’interrogeait-il. M. Legault ne se satisfait pas du rapport de la VG. « Il faut aller au fond du dossier », a-t-il dit.

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