mardi 12 mai 2015

Porte ouverte à la privatisation?

11 mai 2015 – Source Ici Radio-Canada

La porte vient peut-être de s’entrouvrir à Québec sur la possibilité d’une privatisation partielle ou complète de sociétés d’État. Comprenons-nous bien : Québec n’est pas en train de privatiser la SAQ ou une partie d’Hydro-Québec. Avant d’en arriver là, dites-vous bien que beaucoup d’eau va couler sous le nouveau pont Champlain! Mais, les choses avancent et aujourd’hui, on constate que toutes les cartes sont sur la table. Si l’Ontario peut le faire avec Hydro One, pourquoi ne pourrions-nous pas y penser nous aussi, se dit-on à Québec.

Au cours de la dernière année, le premier ministre Philippe Couillard a été assez clair : pas question de privatiser Hydro-Québec. Aujourd’hui, le ministre des Finances, Carlos Leitao, change de ton. Tout est sur la table, tout sera regardé de près. En entrevue à l’agence de presse Reuters, il a déclaré ceci (je traduis) :

« Actuellement, pas de plan concret. Mais, comme partout ailleurs, nous sommes engagés dans une révision profonde et significative de nos programmes. Cette révision de tous les programmes gouvernementaux inclut les sociétés d’État. »

Ce travail est fait par la commission dirigée par Lucienne Robillard qui a pour mandat d’explorer tous les programmes du gouvernement, dont les sociétés d’État. À la table de cette commission siège notamment l’économiste Claude Montmarquette qui proposait ceci dans un rapport cosigné avec Luc Godbout il y a un an :

« Dans l’éventualité où l’examen des programmes, des processus et des structures ne permettrait pas de dégager les sommes requises en matière de contrôle des dépenses, le gouvernement n’aurait pas d’autres choix, en l’absence de hausses d’impôt, que d’envisager de vendre des actifs. Les revenus touchés par la vente de ces actifs seraient nécessairement versés au Fonds des générations. La vente des actifs permettrait donc de réduire la dette. À titre d’exemple, le gouvernement pourrait songer à ouvrir jusqu’à 10 % du capital de la Société des alcools du Québec ou d’Hydro-Québec aux Québécois. »

Le gouvernement n’a jamais exprimé clairement une intention de privatisation. Mais, si on veut faire cheminer une telle idée, disons que c’est probablement de cette façon qu’on pourrait s’y prendre.

Cela dit, faut-il le rappeler, vendre une partie d’un actif, c’est encaisser un montant qui viendrait réduire la dette du Québec sur le moment, mais qui viendrait réduire aussi l’apport financier de la société d’État visée dans les finances publiques du gouvernement. Si Québec vendait 10 % d’Hydro-Québec, ce sont peut-être 7,5 milliards de dollars que l’État empocherait si on se fie à l’évaluation totale qu’en a fait Yvan Allaire en 2014, soit 75 milliards de dollars au total.

Il faut savoir que le plan actuel du gouvernement prévoit une réduction de la dette brute et de la dette nette par rapport au PIB dès l’an prochain. La dette nette absolue, en chiffres, devrait commencer à baisser en 2018. Est-il donc vraiment nécessaire de commencer à explorer l’idée de vendre une partie des joyaux de la Couronne? Qu’en pensez-vous?

> Lire la nouvelle en ligne sur le blogue économie de Gérald Fillion d’Ici Radio-Canada