mardi 12 mai 2015

Profits spectaculaires par grand froid chez Hydro-Québec

12 mai 2015 – Source : Journal de Montréal

MONTRÉAL – Hydro-Québec a empoché des marges de profit atteignant jusqu’à 885% sur l’électricité lors des vagues de froid de l’hiver 2014. Certains qualifient les tarifs payés de taxe déguisée.

Lorsqu’il faisait très froid, notamment en janvier 2014, la société d’État a acheté de l’électricité dans le cadre d’une dispense réglementaire. Celle-ci permet de contourner les appels d’offres lorsque le climat ou une panne d’équipement cause un déséquilibre entre l’offre et la demande sur son réseau.

En moyenne, la filiale Distribution a déboursé 15,21 cents le kilowatt/heure (kWh) auprès d’Hydro-Québec Production, selon des calculs effectués à partir de son rapport annuel. La marge de profit moyenne était ainsi de 656%, en tenant compte d’un coût de production de 2,01 cents le kWh. En période de pointe, le prix payé a gonflé à 19,79 cents le kWh, catapultant la marge de profit à 885%.

Au total, Hydro-Québec Production a dégagé un profit de 175 millions $ sur ces transactions, ce qui équivaut à une hausse tarifaire de 1,5%. Elle a récolté 57% des achats bilatéraux.

Une taxe indirecte

Les Québécois devraient se faire refiler la facture parce que les tarifs d’électricité reflètent les dépenses de la société d’État.

«Hydro en a profité pour se graisser la patte pendant les périodes de grand froid», a dit Marc-Oliver Moisan-Plante, analyste en énergie à l’Union des consommateurs.

«C’est légal, mais ça ne devrait pas exister, a-t-il poursuivi. Dans le fond, on parle d’un prix de transfert entre deux divisions et non d’exportations. Le Québec ne s’enrichit pas. C’est une taxe indirecte par période de grand froid.»

L’analyste avale ces chiffres de travers parce que les tarifs ont déjà augmenté de plus de 10% sur trois ans. De plus, 300 000 Québécois ont dû signer une entente de paiement afin d’acquitter leur facture d’électricité l’an dernier.

«Le gouvernement devrait retourner ces montants-là à la clientèle, d’une façon ou d’une autre, a lancé M. Moisan-Plante. À long terme, il devrait modifier la loi pour que la marge de profit soit plus raisonnable.»

Au moment d’écrire ces lignes, lundi en fin d’après-midi, Argent n’avait pas été en mesure d’obtenir la réaction d’Hydro-Québec.

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